Lors d’un atelier que nous avons animé au Vidéodrome, nous avons proposé aux participant·es d’imaginer des scènes dans lesquelles leurs personnages se sentent hors normes.
« Tu sais je comprends, parce que moi c’est pareil, la dernière fois chez mes parents.
Tu vois j’ouvre la porte j’ai frappé avant, j’entends déjà le chien qui gratte qui va me lécher les baskets
donc j’entrouvre je crie « Maman ! Y a Patrick qui m’empêche d’entrer ! »
enfin ma mère elle sait pas combien mes baskets m’ont coûté c’est Vinted
mais les gens maintenant ils se lâchent quoi, c’était mieux avant.
Bref elle est à la cuisine donc je m’extirpe tant bien que mal
bon le clebs il me colle aux basques normal il sait faire que ça,
il sait pas que moi je suis une vieille fille à chats
enfin il a dû le sentir j’ai des poils sur le jean, les chiens ils ont l’intuition.
Mon père il est pas là sur la table y a son assiette même pas débarrassée
je vois la tâche de sang sur l’assiette un steak la peinture de moutarde il a laissé tomber les haricots.
Ma mère elle débarrasse en même temps elle astique et le dîner elle l’anticipe
« Tu veux quoi ce soir et tu sais mais ton père il revient qu’à huit heures mais j’ai pensé un gigot…
et au fait, quand est-ce que tu nous ramènes quelqu’un, t’as pas un joli garçon en embuscade ? »
Et elle pose la question à moitié et sans y croire.
Elle sait bien qu’elle vend pas du rêve.
Et parce qu’elle aussi elle est comme le chien, elle a bien senti l’odeur de chatte sur mon jean. »
Myrtille Picaud